Eglise
L'EGLISE PAROISSIALE
Sur proposition du conseil municipal (délibération du 27 juillet 1857), a été décidé de reconstruire l’église paroissiale primitivement installée dans le quartier du Vieux-Bourg (voir cette partie). Barthélemy Donnat, architecte de Sainte-Euphémie, en dresse les premiers plans – refusés par l’architecte diocésain, M. Dupasquier – qu’il va retravailler entre 1865 et 1866. En même temps que s’élaborent lentement les plans de la nouvelle église, décision est également prise de transfèrer son emplacement et de l’implanter désormais au hameau du Berrier, où en 1863, les terrains de Benoît Symphorien Garnier et Pierre Boulas sont acquis par la commune. L’église y est alors construite sous la direction de Louis-Frédéric Benoît (architecte associé à B. Donnat) par Jean Baptiste Marchand (Anse) mais sans toutefois que le clocher ne puisse être réalisé à cette date (novembre 1866) ; entre février et octobre 1895, le clocher est enfin construit grâce au legs d’un habitant de Saint-Didier-de-Formans, Joseph-Nicolas Rojat (1893), par Auguste Chambon (Trévoux).
Eglise paroissiale- photo 2009
Notons au choeur (sur les culots) la date de mai 1896 qui correspond sans doute à la date de consécration du bâtiment. Construite en pierre de taille locale, cette église a un plan tout à fait classique dans sa facture puisqu’il reprend le plan traditionnel de la croix latine, avec une nef unique (trois travées voûtées d’arètes) que coupe un transept et prolonge une abside à cinq pans. Un clocher-porche (avec escalier en pierre) marque l’entrée ouest à côté de laquelle des fonts baptismaux (XVIIe siècle) provenant de l’ancienne église sont cachés par des portes en chène. Notons encore la sacristie installée à l’angle extérieur, au sud de l’abside et à l’est du transept sud. L’église Saint-Didier a été rénovée dans les années 1980 et sa place réaménagée en 2005.
Au sud de l’église, on peut toujours voir la nouvelle cure construite à partir de 1869 (architecte Donnat) et inaugurée le 7 octobre 1870.
STATUES DE L'EGLISE
Le grand crucifix (1,90 x 1,40 m.) de bois – auquel manque la couronne d’épines – placé dans l’abside date sans doute du XVIIe siècle ;(il a été restauré en 2012 par la CCDSV) la tradition locale le fait provenir du monastère de Seillon puis du grand séminaire de Belley (à partir de 1933 ?).
Remarquons dans le bras nord du transept la statue (1,17 x 0,54 m.) de bois doré, représentant l’évêque saint Didier, patron de la paroisse.
Elle peut être datée du XVIIIe siècle et provient peut-être de l’ancienne église. En outre, huit statues des XIXe et XXe siècle ont retrouvé récemment (été 2008), leur place dans le chœur.
Quelques années après l’unification du Franc-Lyonnais et de la Principauté de Dombes en 1789, il y eut un temps de controverse locale où la population s’opposa à la construction du nouveau bourg au Berrier. Conséquence d’un passé de division entre les différents quartiers, chacun d’entre eux se plut à s’imaginer être le « nouveau centre ». Il est reproché, entre autre, au quartier du Berrier, de toujours avoir été un territoire indépendant, n’appartenant ni au Franc-Lyonnais, ni à la principauté de Dombes. Ce n’est pourtant pas pour cette raison que ce quartier fut choisi pour devenir le nouveau centre du village. La décision municipale de construire la nouvelle église au Berrier en 1866 marqua la fin de cette polémique. Il faudra attendre 1898 avec la construction d’autres bâtiments publics, pour que le Berrier acquiert l’image d’un bourg unifié.
Statue Vierge à l'Enfant restaurée par la CCDSV en 2012
LE NOUVEAU BOURG
Le déplacement de l’église du Vieux Bourg vers le Berrier, qui a entraîné la naissance du Nouveau Bourg, ne s’est pas fait sans difficultés. L’idée de remplacer la vieille église construite au XIe siècle, sur la colline, se concrétise en 1857. Cette décision entraîne de vives réactions, déclenchant des conseils municipaux parfois houleux. Une partie des habitants souhaite sauvegarder l’église romane alors que d’autres en veulent une nouvelle, plus vaste et plus « moderne ». Finalement, le 26 juillet 1857, après plusieurs mois de discussions, le maire Claude Chapoulet, tenant du remplacement de l’ancienne église, obtient enfin un vote majoritaire. Les opposants ne l’entendent pas de la même oreille. Ils rédigent une pétition, qui récolte près de cent cinquante signatures. Le maire tient bon.
Un autre sujet divise aussitôt le village : faut-il déplacer l’église et, si oui, où la mettre ? Chacun veut l’avoir dans son quartier, y compris ceux qui se vantent de « bouffer du curé ». Enfin, en 1861 une décision est prise. Claude Chapoulet étant décédé en cours de mandat, le nouveau maire, Claude Mandy, déclare au conseil municipal du 3 mars de la même année : «L’église actuelle étant placée dans une extrémité de la commune, il convient de la construire dans le centre soit de son territoire, soit de ses habitations. » Il trace deux diagonales sur le plan communal. Leur jonction tombant sur le hameau dit Le Berrier, il ajoute : « Le point le plus central est le hameau du Berrier » Sa conclusion ne fait pas l’unanimité. Elle lui permet cependant d’obtenir, lui aussi, une majorité. Le 23 mars 1867, quatre-vingt-six contribuables, toujours opposés au déplacement de la nouvelle église, refusent de payer leur participation à son financement. L’affaire remonte jusqu’au ministre de l’Intérieur.
L’implantation de la nouvelle église entraîne évidemment celle de nouveaux commerces. Dès 1868, un café épicerie s’installe en face de l’édifice religieux. Il fait aussi débit de tabac et recette pour les droits de Régie. Très vite, un deuxième café, qui fait aussi boulangerie, voit le jour. L’arrivée de la mairie-école est nettement plus tardive, puisqu’il faudra attendre 1898 pour que la rentrée scolaire puisse s’y faire. Ajoutée à l’église, la venue de l’établissement scolaire et administratif accélère le développement du nouveau bourg. En 1974-1975, c’est tout le village qui, après le départ du dernier prêtre résidant à Saint-Didier, s’unit pour construire l’actuelle salle des fêtes autour du presbytère devenu disponible. Le centre de vie s’est bel et bien déplacé au lieu-dit « Le Berrier ».
Le Berrier - carte postale première moitié du 20°siècle