Monument de Roussille

Ce monument, comportant une sculpture en bas relief d’André Tajana, fut inauguré le 16 juin 1946, en commémoration du massacre de vingt-huit patriotes par la Special Division allemande, deux ans auparavant. Son financement a été assuré par une souscription lancée par le maire et son conseil municipal.

Le 16 juin 1944, vers 20 heures, trente prisonniers détenus à la prison de Montluc de Lyon dans différentes cellules, sont rassemblés et menottés deux par deux. Ils sont embarqués dans un camion bâché sous escorte de deux voitures remplies d’une vingtaine de militaires, officiers et sous-officiers, armés de mitrailleuses. Le con­voi se dirige Place Bellecour et s’arrête au siège de la Gestapo, pour repar­tir une vingtaine de minutes plus tard en direction du nord, remontant la rive gauche de la Saône. A la sortie de Trévoux, les véhicules prennent la direction de Bourg-en-Bresse et s’immobilisent quelques kilomètres plus loin sur la commune de Saint-Didier-de-Formans, le long d’un pré clos de haies et d’arbres, au lieu dit Roussille.
            
A cet endroit, quelques jours plus tôt, le dimanche 11 juin, un convoi de soldats allemands venant de Sathonay fut arrêté par des arbres barrant la route. Croyant à un  piège de la Résistance, les soldats fouillent les environs et ne trouvant rien de suspect, repartent en direction de Chatillon-sur-Chalaronne, où la colonne est prise sous le feu des maquisards. Ces faits éclairent peut-être la suite des événements… Le débarquement vient d’avoir lieu, l’armée d’occupation est à cran. Pour maintenir le calme, on doit faire peur, répandre la terreur par les représailles, tout en vidant les prisons. Les voitures escortant les prisonniers se positionnent en travers de la route, devant et derrière le camion. Sur ordre, quatre prisonniers descendent du camion et sont dirigés vers l’entrée du pré où on leur enlève leurs menottes. A peine ont-ils le temps de parcourir quelques mètres qu’ils sont abattus par quatre tueurs postés deux par deux de chaque côté de l’entrée, derrière la haie, à l’intérieur du pré. Les autres prisonniers vont subir le même sort ; cependant deux d’entre eux, grièvement blessés vont survivre à ce massacre et sont soignés par des familles du village et conduits ensuite dans deux familles de résistants à Trévoux.
Ces détenus de Montluc étaient incarcérés soit par simple dénonciation, soit pour activité anti-allemande ou faits de résistance. Ils sont natifs des Bouches du Rhône, de la Drôme, de l’Isère, de la Haute-Garonne, de l’Hérault, de la  Loire, de la Haute-Loire, de la Manche, de Paris, du Rhône, de la Savoie, de la Haute-Savoie, des Vosges, d’Italie ; seuls quatre d’entre eux ne purent être identifiés. Ils sont ouvrier, artisan, militaire, mineur, avocat, fonctionnaire,  professeur,  universitaire…  le plus jeune à dix-neuf ans et le plus âgé cinquante-huit ans. L’horreur de ces exécu­tions va entraîner, à son tour, une volonté de représailles.
Le 26 octobre 1944, dix pri­sonniers de guerre de l’armée allemande, en uniforme portant le sigle PG dans le dos, sont exécutés dans ce même pré par quelques personnes. Pour rendre impossible l’identifica-tion des corps, les papiers et objets personnels leur ont été retirés. En cette période où la débâcle de l’occupant commence à se faire sentir, cette exécution sommaire ne semble pas avoir été commanditée par quelque autorité que ce soit de la Résistance.
Tous sont égaux devant la mort ; parmi les trente fusillés de Roussille, l’un d’eux fut un historien reconnu : Marc Bloch.
« Attaché à ma patrie par une tradition familiale déjà longue, nourri de son  héritage spirituel et de son histoire, incapable, en vérité, d’en conce­voir une  autre où je puisse respirer à l’aise, je l’ai beaucoup aimée et servie de toutes mes forces. » (Testament de M. Bloch écrit le 18 mars 1941 à Clermont-Ferrand et cité par Bronislaw Geremek, « Marc Bloch, historien et résistant », dans Conférence Marc Bloch, 1986 – Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris).

Le monument a été entièrement rénové en 2017 par Emilie Sartelet - sculptrice de Trévoux : nettoyage, lettrage.


monument de Roussille

MARC BLOCH

Historien médiéviste de première importance, Marc Bloch est né à Lyon en 1886 d’un père alors professeur d’histoire de l’Antiquité gréco-romaine à l’université de Lyon avant de devenir en 1904 titulaire de la chaire d’histoire romaine en Sorbonne. Il fit ses études à Paris et devint agrégé d’histoire en 1908 avant de partir sur le front allemand où il reçoit plusieurs décorations (1915, 1916 et 1917) pour faits d’arme. Devenu jeune enseignant à l’Université de Strasbourg en 1919 (jusqu’en 1936), il soutient sa thèse de doctorat en 1920 et publie, en 1924, un livre fondateur (Les rois thaumaturges) régulièrement réédité de nos jours. En 1929, en compagnie de Lucien Febvre, il fonde la revue d’histoire Les Annales d’histoire économique et sociale qui donnera son nom à une « tradition » historique célèbre dans le monde entier : « l’Ecole des Annales ». Père de six enfants, il endosse malgré tout l’uniforme en 1939 avant de s’engager à Clermont-Ferrand (puis à Lyon) dans la Résistance. Arrêté le 8 mars 1944, celui qui était connu dans la clandestinité sous les noms d’Arpajon, Chevreuse ou bien encore Narbonne est sorti des geôles de Montluc le 16 juin et fusillé avec les autres martyrs de la résistance dans le tristement célèbre pré de Roussille. Il est inhumé avec ses vingt-sept autres compagnons le 18 juin 1944 dans le cimetière municipal. Son corps fut exhumé le 18 septembre 1975 afin de reposer à Fougères.

stèle march  Bloch
portrait Marc Bloch

IDENTIFICATION DES DEUX INCONNUS - 

Inconnu N° 4 - Antoni PUCILOWSKI
En 2015, l'inconnu n° 4 est  identifié après un long travail de recherche de la part de l'association "Saint Didier Commune Rurale". Une stèle a été inaugurée en son nom  en mars 2016. Antony Pucilowski est dorénavant nommé, sur la stèle,  aux côtés de ses camarades du 16 juin 1944.

Inconnu N° 16 Valentin WALUS
Samedi 30 mars 2019, la stèle d'identification de l'inconnu n° 16 était inaugurée.  
Ce jour-là  Mme LOVE, fille de l'ami de Valentin WALUS,  évoquait le passé et l'amitié qui liait les deux hommes. M. GATKA et Mme RATARD ont évoqué le long travail de recherches  réalisé,  permettant l'identification de "l'inconnu N°16". 
Ce 3jour-là,  l'hymne polonais est interprété à capella par un membre de l'association franco-polonaise, 
Dorénavant cet inconnu  mort sur la commune de Saint Didier   le 16 juin 1944, aura à  jamais son nom gravé sur la stèle, aux côtés de ses compagnons d'armes. Il est désormais identifié "WALUS VALENTIN  - 45 ans - inconnu n°16 - identifié en 2018"

En dessous de cette stèle, les noms des deux rescapés de la fusillade -
Charles PERRIN et Jean CRESPO

Stèle inconnus N° 4 et N° 16

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