Chapelle - histoire et restauration
JUILLET 2021 - LA CHAPELLE ET SA NOUVELLE TOITURE
Après des décennies à ciel ouvert
son histoire commence dans le quartier du "Vieux Bourg"
De quand date précisément l’histoire de l’espace médiéval que les Désidériens appellent aujourd’hui « le Vieux Bourg » ? En l’état actuel des documents connus, cela est difficile à dire.
Un château a été dressé sur cette colline au XIe siècle, de même que l’église dont il reste aujourd’hui un mur intégré à la chapelle. Avec le rachat de cette partie de Saint-Didier-de-Formans par l’archevêque de Lyon et son évolution en Franc-Lyonnais, ce secteur du village a pris, en son temps, de l’importance. La création d’un nouveau château au XVIe siècle et surtout la venue des Hubert de Saint Didier dont les deux premiers membres furent syndics du Franc-Lyonnais, ont amplifié ce développement. Avec le départ des Hubert de Saint Didier, la vente de leurs biens à l’époque de la Révolution et la destruction du château, la vie au Vieux Bourg s’est amenuisée. Pourtant, en 1866, à la fin de la construction de la nouvelle église, on y comptait encore un café (non localisé), un café-épicerie (184, Ch. du Vieux Bourg), un maréchal-ferrant (206, Ch. du Vieux Bourg), une maison communale avec mairie et école (34, Ch. du Vieux Bourg). C’est le déplacement de l’église qui a entraîné une désertification nette, bien que provisoire. Ainsi, en 1872, ce centre de vie perd officiellement pour la première fois son privilège de « bourg » au profit du Berrier. De la grande époque de cet espace médiéval, il ne reste guère que la chapelle et quelques éléments subsistants de l’ancien château.
La chapelle
Deux chapelles seigneuriales, au moins, ont précédé l’actuel bâtiment.
La première chapelle connue remonte à 1313 et se trouvait dans l’enceinte du château de Tanay. Il est toutefois fort probable que, dès la construction du château (au XIe siècle), une chapelle y ait été incluse. En 1373 les Seigneurs de Tanay se font construire une petite chapelle contre l’église de l’époque, située sur la hauteur, au milieu de l’ancien cimetière. Cette chapelle, qui est leur propriété privée, est « fondée ad honorem Beate Marie » (la bienheureuse Vierge Marie) . Située entre les deux fenestrons ogivaux de l’église, elle mesure 4,30 m en Nord /Sud (sans compter une éventuelle abside) et 3,30 m. en Est/Ouest. Sa hauteur sous plafond est d’environ 2 m. (1,60 m. du sol actuel). Elle ouvrait sur le cimetière par une porte située dans le mur Ouest et s’ancrant sur l’église. En 1523, à la création du chapitre de Trévoux, ladite chapelle lui est rattachée ; c’est sans doute à cette époque qu’est percée une ouverture de style gothique permettant de communiquer avec l’église (arcade Ouest du mur Sud). Cette ancienne chapelle est signalée au XVe siècle comme étant dédiée à la Vierge. Elle était couramment appelée « la chapelle des Gallien » en référence aux seigneurs de Tanay.
Le 8 janvier 1605, le chapitre de Trévoux vend au Sire Jacques de Bernoud, les restes de la chapelle de 1373, qui, trop proche de l’église et trop loin de Tanay, est à l’abandon, d’autant que les Galien, alors seigneurs de Tanay n’ont pas la richesse de leurs prédécesseurs et que les messes liées à la prébende de la chapelle sont célébrées à Trévoux (tous les mercredis).
Jacques de Bernoud, qui a déjà acquis des biens sur Saint-Didier, rase les ruines qu’il a achetées et, en 1610-1612, fait construire une nouvelle chapelle plus vaste (l’actuelle), au même emplacement.
Elle « est aussi large et presque aussi longue que l’église elle-même. » Comme la précédente, elle est accolée à l'église de l'époque et le Sieur Bernoud fait pratiquer une deuxième ouverture dans le mur commun avec l'église, « pour avoir vue dans sa chapelle ». C'est l'arcade est du mur Sud.
Très mécontent parce que « le sieur Bernoud a fait, sans permission, rompre la muraille de ladite église, » l’archevêque de Lyon, Mgr de Marquemont, venu en visite pastorale, ordonne de « clore avec des barreaux de fer ladite ouverture de muraille ». La grille mise en place à la suite de cette décision est récupérée, lors des travaux de 1793, pour remplacer, dans l’église, le milieu de la table de communion alors en bois et dégradé. Au XVIIe siècle, en passant par le cimetière, le sire de Bernoud peut entrer, dans sa chapelle, par une porte cintrée, dont le seuil subsiste encore : « elle baille ouverte à toute l’église » (Mgr de Marquemont). Elle est bouchée lors des travaux de 1793 ; l’entrée se faisant alors par l’église, via l’arcade Est. Elle sera remplacée en 1837-1839 par la porte Ouest dont les ventaux ont été totalement refaits en 2001.
A l’origine, trois grandes baies destinées à éclairer l’autel qu’elles dominaient perçaient le mur Est. Hautes de 2 m, elles commençaient à environ 1,60 m du sol mais furent obstruées au XVIIIe siècle, pour permettre la construction de l’abside destinée à encastrer une niche en pierre pour y accueillir une statue. L’abside est venue s’accoler à une sacristie du XVIIe siècle desservant l’église et dont elle garde une échancrure. En 1885, lors de la destruction de l'ancienne église du XIe siècle, le mur commun à celle-ci et à la chapelle est sauvegardé. Les deux angles de ce mur doivent alors être renforcés par des briques en élévation.
Les Hubert de Saint Didier, qui en avaient fait leur chapelle seigneuriale, firent enterrer plusieurs membres de leur famille dans la petite crypte. Les écrits prouvent que deux adultes y furent ensevelis : Benoît Victor Hubert de Saint Didier en 1775, et Dame Jeanne Valfray en 1777. Les fouilles de 2001 ont révélé la présence en surface de deux squelettes allongés, non identifiés, l'un d'adulte, l'autre d'enfant.
La chapelle contenait, incrustée dans un buste du Saint en bois doré, une relique de Saint Didier. Celle-ci disparut à la révolution. Peut-être retrouvée plus tard par les Hubert de Saint Didier, cette relique fut la source d’un conflit avec l’évêché de Belley qui refusa toujours de l’authentifier.
A sa construction, la chapelle fut placée par le sire de Bernoud « sous le vocable de la Résurrection ». Par la suite, elle fut dédiée à « l'Immaculée Vierge Marie ». C'est ce qu'indiquent notamment le rapport de visite pastorale du 8 novembre 1700 et une bulle du pape Pie VI datant de 1791.
Si l’on en croit le conseil municipal de 1823, Ennemond Augustin Hubert de Saint Didier en aurait fait don à la commune. Suite à une décision du conseil municipal, lors de sa séance du 23 décembre 1838, la chapelle, remise en état, est carrelée, dotée d’un autel avec gradins et « la niche aménagée dans la petite abside est décorée de cannelures, de moulures en plâtre et flanquée d’une statue sobrement qualifiée de dorique ». Au cours des mêmes travaux, la petite porte du mur Nord est murée et remplacée par le portail actuel du mur Ouest. En 1865, la municipalité de l’époque envisage de la raser et fait établir un devis de démolition dont le montant s’élève à 3780 Fr TTC ; puis en 1869 elle pense détruire les murs Est, Nord et Ouest et ne sauvegarder que le mur Sud (pour conserver un vestige de l’ancienne église). Ce nouveau devis s’élève à 3.000 Fr. HT. De nouveau laissée à l’abandon au début du XXe siècle, La chapelle est décrite comme une bâtisse « ouverte et délabrée dont les lattes du plafond pourries laissent échapper le plâtre sur le sol […] un socle sur le devant de cette chapelle n’a pas seulement été restauré de sa croix ». A la fin du XXe siècle, il n’y a plus de toiture, les arbres qui ont poussé à l’intérieur dépassent la hauteur des murs, eux-mêmes envahis par des plantes multiples. En 2000, elle est dégagée de la végétation qui l’envahissait, puis débute une période de restauration, grâce aux associations Saint-Didier Commune Rurale et Concordia, à la municipalité, ainsi qu’à l’association Privals et à plusieurs habitants du village. Au printemps 2008, à l’initiative de la Communauté de Communes de Saône Vallée, une croix a été installée sur le socle rénové, à côté de l’entrée de la chapelle.
L'ancien château dit « du Vieux Bourg »
Construit en 1657 sous forme de manoir, à la demande de César de Bernoud, à proximité de sa nouvelle chapelle, le château dit « du Vieux Bourg » fut progressivement transformé.
Devenue maison forte avec chambres hautes et basses, il accueille, le 30 mars 1708, un nouveau propriétaire : Jean Hubert, ancien échevin de Lyon, anobli grâce à cette fonction (sous le nom d’Hubert de Saint Didier). Le même jour, celui-ci a racheté à Camille Baraillon (héritier de César de Bernoud) terres et droits de justice. Jean Hubert et son fils Benoît sont tous deux syndics du « Franc Lionnois ». Cela explique sans doute l’investissement dont ils font preuve, tant dans leur château que dans notre village où ils rendent justice. En 1719, à l’occasion du mariage de son fils Benoît Victor avec Antoinette Anisson, le nouveau propriétaire fait moderniser, son château : « une aile y est ajoutée, l’enceinte abattue est remplacée par un mur de clôture. Peu avant la Révolution, une partie de cette aile est démolie, l’autre englobée dans les transformations que réalise l’épouse d’Ennemond Augustin Hubert de Saint Didier, qui ajoute aussi un corps de bâtiment pour la cuisine. »
Balthazar Augustin Hubert de Saint Didier est le dernier de sa famille à avoir vécu au château. Il mérite, à d’autres titres, une mention spéciale.
Peintre dont plus de deux cents œuvres se trouvent au musée Gadagne de Lyon, il était fort connu en son temps. Ami d’Ampère, il est passionné de botanique et d’archéologie et ouvert à la littérature, l’histoire, la chimie, la physique et aussi aux mathématiques. Fils d’émigré, Balthazar en a été marqué. En effet, son père Ennemond Augustin Hubert de Saint Didier, à l’issue d’une brillante carrière militaire, doit partir soigner à Pise en 1789, une santé plus que déficiente. Il se retrouve ainsi inscrit puis maintenu sur la liste des « émigrés ». Ses biens sont déclarés « biens nationaux » et vendus comme tels.
Le château est alors racheté par Balthazar Michon, beau-père d’Ennemond Augustin. Il restera ainsi aux Hubert de Saint Didier, jusqu’à ce que Balthazar le vende, en 1819, au sieur Gelpy, de Villefranche. Trois ans plus tard, les pilleurs de château de la « Bande Noire » l’investissent et démolissent la façade principale. Cette partie d’habitation occupait, à elle seule, plus de 47 m. en façade, pour 7,50 m. de profondeur. Si la pierre blanche de Lucenay a servi de matériau principal à la construction des murs, la pierre dorée y a aussi harmonieusement trouvé sa place, soulignant, comme en relief, les angles des murs et les contours des ouvertures. Devant la façade, quatre jardins en terrasses, un bosquet et une pièce d’eau agrémentaient le paysage. Sur le coté, une allée de tilleuls offrait son ombrage. De l’époque de cette splendeur, il reste une partie de l’aile droite du château (totalement privée) et l’ancien puits central. On peut également remarquer à l’angle d’une maison (17, Impasse des Vignes du Château) une tête d’homme couronnée en pierre jaune venant du château
Maison du Vieux Bourg
Vue mur sud
La chapelle en 2016
Château du Vieux Bourg, vu par Balthazar Augustin Hubert de Saint Didier
Borne explicative sur le site de la chapelle
Maquette réalisée par Mr COQUARD membre "ASDCR Nature & Patrimoine".
RESTAURATION DE LA CHAPELLE
Depuis sa création en 1988, ASDCR Nature & Patrimoine (Association Saint Didier Commune Rurale) œuvre pour la préservation du patrimoine communal et plus particulièrement la sauvegarde et la restauration de la chapelle seigneuriale qui reste, à notre connaissance, le plus ancien témoignage de l’histoire de Saint Didier de Formans.
La restauration en 2 tranches.
1° tranche : reprise des murs en élévation - nouvelle toiture à deux pans.
2° tranche : réfection du sol - mise en valeur de la crypte funéraire - pose de vitraux - électricité et chauffage.
Cette mise en valeur du bâtiment permettra de l’inscrire dans un circuit touristique en partenariat avec le Pays d’Art et d’Histoire de la Communauté de Communes Dombes Saône Vallée (CCDSV).
Avec l’appui de la Fondation du Patrimoine, organisme reconnu d’utilité publique, une campagne de souscription est toujours ouverte aux particuliers et aux entreprises. Cette souscription complètera les subventions déjà versées par les collectivités (Commune, CCDSV, Département et Région AURA).
Les travaux sont conduits par l’entreprise Nuguet, sous la maitrise de Patrice Salès, architecte du Patrimoine.
La première tranche de travaux réalisés entre mai et juillet 2021 a permis la pose d'une toiture. En premier lieux, les murs Est et Ouest ont été réhaussés. Les chevrons, donnés, ont permis de poser une fermette à l'ancienne. Les voliges, neuves, ont été écorcées et passées à l'huile de lin par les bénévoles de l'association SDCR Nature&Patrimoine.
Pendant une année, l'association a vendu des tuiles, gravées, au nom de l'acheteur. Ce sont 500 tuiles vendues et gravées, puis 700 autres ont été ajoutées pour complétées la toiture de cette vieille dame de 400 ans !
Toutes ces tuiles avaient été au préalable brossées par les bénévoles durant plusieurs week-end.
Le résultat est splendide.
La deuxième tranche a été ensuite lancée au niveau des demandes de subventions, pour une réalisation rapide.
L'association ASDCR Nature & patrimoine est propriétaire de la chapelle depuis le 11 janvier 2019, suite à la signature d’un bail emphytéotique de 20 ans entre Mme Landes Présidente de l'association et Frédéric VALLOS, maire de la commune (photo).
Mai 2021, 1° réunion de chantier en présence de Mr NUGUET dont l'entreprise effectue la rénovation, Mr SALÈS architecte, Mr BLANCHARD de l'association PRIVALS, Mme LANDES Présidente de ASDCR Nature & Patrimoine et Mme DUVILLARD membre de l'association.
Le permis de construire de la 1° tranche a été déposé le 26 février 2020. Début mai 2021, arrivée de l'échaffaudage puis fin mai 2021 ce sont les matériaux, les tuiles et l'installation de la grue.. le chantier débute !
Début juillet 2021, après des décennies à ciel ouvert, la chapelle retrouve une toiture !
Ci-dessus, vue mur Est
Vue de la route, côté Ouest, sur la porte d'accès à la chapelle
Samedi 23 octobre une centaine de désidériens étaient présents pour l'inauguration de la première tranche de travaux terminés depuis l'été 2021
En présence des élus de la commune, de Marie-Thérèse Landes Présidente d'ASDCR Nature&Patrimoine, Marc Péchoux Président de la CCDSV, Mr Nuguet artisan ayant posé la toiture, Mr Vallos Maire a exprimé sa satisfaction pour cette belle réalisation et a vivement remercié tous les acteurs ayant participé à cette première tranche.
Une belle charpente couverte de 1200 tuiles, dont 500 gravées, vendues au profit de la restauration
Vue de la toiture depuis le cimetière
L'année 2023 aura été une année de travaux pour l'association "Saint Didier Commune Rurale Nature et Patrimoine" puisque les membres ont continué les démarches avec dynamisme, pour réaliser la seconde tranche de travaux : réfection du sol - mise en valeur de la crypte funéraire - pose de vitraux - travaux d'électricité et de chauffage.
4 vitraux : deux sur la face Nord sur les ouvertures existantes. Sur la face Sud les deux ouvertures étaient condamnées depuis de nombreux siècles. Elles ont été rouvertes et sont dorénavant ornées elles aussi de très beaux vitraux colorés.
Les fenestrons romans, au sud, ont été restaurés, les murs extérieurs ont reçu un enduit « à pierre vue », les tuiles spéciales ont été posées sur l’absidiole à l’est, la porte a été repeinte.
La crype funéraire est dorénavant visible, par la pose d'une vitre. Le caveau sera fermé en 2024
La réalisation de cette deuxième tranche a pu être possible grâce au complément financier obtenu par l'association lors de sa participation au budget participatif 2023, où 15000 euros lui a été attribuée avec la proposition de son projet de pose de vitraux.
En 2024 l'association va continuer à se mobiliser pour finaliser certains travaux : finition de l'électricité, remise en état des murs intérieurs, pose de tomettes.